The school gate of Kiswa Primary School, located in Bugolobi, one of the biggest slum communities in Kampala, Uganda. Kiswa Primary School is a beneficiary of the Schools2030 project.

Photo courtesy of Uwezo Uganda

Lorsque le gouvernement lança son initiative « Universal Primary Education » en 1997 (dans le but de garantir l’accès à une éducation abordable pour tous), l’école connut un grand afflux d’enfants, dont la plupart étaient issus de familles à faible revenu. Aujourd’hui, beaucoup de ces familles éprouvent régulièrement des difficultés à payer la subvention obligatoire pour couvrir les frais de scolarité de leurs enfants. Par conséquent, l’établissement n’est parfois pas en mesure de couvrir ses propres frais, ce qui entraîne des coupures d’électricité et vient perturber la scolarité de plus de 1 700 élèves (dont 54 % de filles).

Auparavant, l’école se contentait de renvoyer les écoliers chez eux, mais selon Justine, une enseignante et la responsable de l’équipe, cette solution est loin d’être idéale et n’est bénéfique ni pour l’établissement ni pour les enfants. Elle ajoute : « … certains enfants ne retournent même pas chez eux lorsqu’ils sont renvoyés de l’école, car la plupart des parents sont au travail et les maisons sont fermées. »

Les membres de l’équipe ont également identifié une autre cause probable derrière les taux d’absentéisme et d’abandon : l’absence d’une structure familiale traditionnelle. S’il n’est pas résolu à temps, ce problème peut malheureusement mener à la hausse de la délinquance chez les garçons et de l’exploitation sexuelle chez les filles. C’est pourquoi l’équipe a décidé de se pencher sur le meilleur moyen de soutenir ces familles et de les aider à trouver une stabilité financière afin de réduire la charge que représentent les frais scolaires pour elles. Le but étant également de libérer du temps pour les enfants comme pour les adultes pour qu’ils puissent consacrer davantage de temps aux activités scolaires et extrascolaires.

À l’aide de la boîte à outils HCD de Schools2030, qui a été développée en 2020 pour aider les enseignants à élaborer des solutions pour répondre à leurs problèmes, l’équipe a reformulé le problème de l’absentéisme en une question : « Comment pourrions-nous mieux aider les enfants issus de familles à faible revenu à rester à l’école ? » Il a été décidé qu’un « club de génération de revenus » serait lancé pour permettre aux familles des élèves concernés d’avoir suffisamment d’argent pour laisser leurs enfants à l’école. Ainsi, plutôt que de renvoyer les enfants chez eux lorsque leurs parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité, les enseignants les enverraient dans le club. Ce modèle sert actuellement de prototype. Son taux de réussite sera ensuite évalué et déterminera son potentiel de reproduction dans d’autres écoles.

Une fois que le club a été créé, l’équipe a en premier lieu demandé au trésorier de l’école d’identifier les élèves qui étaient fréquemment renvoyés chez eux, c’est-à-dire les plus susceptibles de provenir des ménages les plus vulnérables. Vingt élèves ont ensuite été inscrits au club et, à la surprise de l’équipe, 17 parents ont souhaité s’y joindre également. De nombreux parents sont devenus des membres très actifs du club, certains d’entre eux participant même aux processus de planification et de formation. L’équipe de l’école de Kiswa était heureuse de voir que le club profitait tant aux parents qu’aux élèves.

La première idée du groupe a été de confectionner des pâtisseries populaires, semblables à des beignets et appelées « daddies ». Les parents ont ainsi appris à les préparer par eux-mêmes afin de pouvoir vendre leurs pâtisseries aux habitants de leur quartier. D’autres idées ont depuis vu le jour pour maintenir l’activité du club. Certains parents ont proposé des cours de coiffure, et l’un des enseignants de l’équipe School2030 apprend actuellement à fabriquer des livres à une dizaine d’enfants. Les responsables sont optimistes quant au succès de ce projet, car la communauté scolaire représente un marché tout indiqué pour y vendre les livres.

Six mois après le lancement du club, les premiers signes d’amélioration commencent à apparaître chez certains élèves. Justine cite l’exemple de Nakayenzi, une écolière de CM2 qui, il y a encore deux ans, se montrait réservée et solitaire. À cette époque, l’enseignante s’était rendu compte que l’écolière avait été contrainte de passer tout un trimestre sans pouvoir porter d’uniforme. Peinée par cette situation, Justine lui en avait acheté un. Aujourd’hui, Nakayenzi est enthousiaste à l’idée de commencer une formation en coiffure, et sa tante, qui possède un salon, lui enseigne déjà les bases. Grâce au club, qui lui permet d’améliorer sa situation, elle semble être beaucoup plus heureuse et confiante aujourd’hui.

Ce projet incarne toute la beauté de l’application du principe de HCD pour résoudre les problèmes à l’échelle communautaire : lorsque les parties prenantes peuvent se réunir, identifier ensemble des problèmes et élaborer des solutions réalisables et applicables, les chances de réussite du projet sont bien plus importantes. Depuis la création du club, des élèves qui, sans cela, n’auraient pas pu aller à l’école et acquérir des compétences essentielles ont désormais un endroit où aller pour rester sur la bonne voie. Schools2030 réussit en simultané à donner les moyens et à ouvrir la porte vers de nouvelles perspectives aux écoles afin qu’elles puissent garder le cap et suivre et analyser les solutions qu’elles mettent en place durant les 10 ans que durera le programme. Avec de tels systèmes en place, il est à espérer que même les solutions mises en œuvre à petite échelle aient un vaste impact à l’avenir, non seulement à l’échelle locale, mais également mondiale.