Kyrgyz Republic · 3 septembre 2019 · 2 min
Pour le 8 septembre, Journée internationale de l'alphabétisation, prenons le temps de réfléchir à ce que cela signifie d’être « alphabétisé ». De nombreuses personnes définissent l’alphabétisation comme la capacité « de lire et d’écrire... une phrase courte et simple sur la vie de tous les jours ». Toutefois, une définition plus nuancée pourrait englober un ensemble de compétences « permettant à un individu de s’engager pleinement dans la société et l’apprentissage à travers les différentes formes du langage... que la société valorise et trouve utiles ». Dans la plupart des pays développés, si ce n’est tous, l’alphabétisation est définie par cet ensemble de compétences plus inclusif, tandis que dans la plupart des pays en développement, les critères plus simplistes de « lire et d’écrire » persistent. Cet écart risque malheureusement d’entraîner la perpétuation de la pauvreté et d’autres problèmes d'une génération à une autre, sans évoquer les perspectives limitées que cela implique pour des millions d’enfants dans le monde.
Au Tadjikistan et en République kirghize, nous avons expérimenté le concept d’alphabétisation multilingue, au départ dans deux Écoles Aga Khan, et avons maintenant l’intention d’étendre le projet au niveau national avec le soutien du Ministère tadjik des sciences et de l’éducation. Ce nouveau programme a pour vocation d’encourager la compréhension et le respect des cultures impliquées et du pluralisme au travers de la diversité linguistique, tout en permettant aux élèves non seulement d’acquérir des capacités de lecture et d’écriture de niveau universitaire à la fin de leurs études secondaires, mais aussi de développer ces capacités dans une langue étrangère. Nous ne nous attendons donc pas à ce que nos élèves soient simplement « capables de lire et d’écrire », mais nous les encourageons à vouloir lire et écrire, à comprendre pourquoi nous lisons et écrivons et à considérer leurs propres compétences à cet égard comme des voies pouvant les mener dans de nombreuses directions différentes, et pas seulement au niveau scolaire. Nous encourageons ainsi nos élèves à parler leur langue maternelle en classe, à apprécier et à partager leur langue et leur culture, à utiliser l’anglais comme lingua franca, mais sans oublier qui ils sont, et à comprendre que chaque langue est une manifestation de la culture de ceux qui s’expriment dans ladite langue. Nous pensons qu’en amenant ce changement dans nos écoles et à un niveau national plus large, nous serons en mesure de fixer des objectifs éducatifs plus utiles, mais aussi que la diffusion de cette approche peut avoir un impact positif sur le développement de la communauté en général.
Au travers de cette définition plus large et plus nuancée de l’alphabétisation, nous pouvons aider nos élèves dans leur propre développement de manière à ce qu'ils définissent eux-mêmes qui ils sont et d'où ils viennent et qu’ils inspirent le respect à cet égard. Nous pouvons contribuer à la création d’une nouvelle génération de compréhension, d’appréciation et de citoyens autonomes pour créer un monde meilleur. Cette vision peut sembler idéaliste, mais la Journée internationale de l'alphabétisation n’a-t-elle pas pour vocation de créer un monde meilleur ?