Pakistan · 29 avril 2020 · 2 min
« Franchir le dernier kilomètre » est l’objectif de nombreux professionnels de la santé, en particulier dans les régions reculées et difficiles d’accès. Dans ces zones, des infrastructures de transport inadaptées, les problèmes de sécurité ou encore la pauvreté constituent des facteurs de risque de maladies chroniques et entraînent des taux relativement élevés de mortalité et de morbidité. Toutefois, selon une étude menée par l’Université Aga Khan (AKU), la télémédecine fait souffler un vent d’espoir au sein des communautés qui peinent à accéder à la santé, qui ne bénéficient pas de soins préventifs et qui sont souvent prises en charge tardivement en cas de maladie.
Interrogé à propos de cette vaste étude sur les « avantages économiques » de la télémédecine dans les régions reculées, Saleem Sayani, chercheur principal, explique : « notre étude est l’une des rares à fournir une analyse du point de vue des patients sur les avantages des téléconsultations dans les régions reculées du monde en développement ».
M. Sayani, qui est également le directeur du Centre de soutien à l’innovation technologique de l’AKU, conclut : « grâce à la télémédecine, nous pouvons améliorer l’incidence des maladies chroniques dans les régions pauvres en ressources. Cette technologie peut en effet nous aider à y accroître le recours aux services de santé et donc à intervenir plus tôt chez un patient et à le suivre sur le long terme. »
L’étude, dans le cadre de laquelle 25 000 téléconsultations ont été échantillonnées sur quatre ans, a démontré que la télémédecine peut constituer un moyen plus rapide et plus économique de fournir des services de santé aux habitants des régions reculées d’Afghanistan, du Pakistan, du Tadjikistan et de la République kirghize.
Ainsi, entre 2013 et 2017, les chercheurs ont comparé les avantages des consultations menées par téléphone ou par télémédecine sur les consultations classiques menées en personne en termes de frais et de temps de déplacement dans plus de 25 000 cas.
A telehealth study by AKU researchers suggest that there were significant cost and time savings as a result of telehealth programmes, particularly for patients from remote villages who were obliged to pay for travel and accommodation.
AKU
Ils ont notamment observé que le recours aux services de télésanté avait permis à l’ensemble des patients d’économiser 9,17 millions de dollars et 213,1 ans (en termes de temps total). Ces données indiquent que la télémédecine a le potentiel de jouer un rôle très important dans la mise en place d’une couverture sanitaire universelle dans les régions reculées qui peinent à accéder aux services de santé classiques - l’une des cibles du troisième Objectif de développement durable.
Sur le plan financier, les économies réalisées grâce aux téléconsultations concernent principalement les frais d’un déplacement aller-retour vers l’établissement de santé le plus proche, d’hébergement et de repas. C’est en Afghanistan que les économies réalisées par les patients ont été les plus importantes. En effet, en raison de l’éloignement et des problèmes de sécurité, ils sont souvent contraints de prendre l’avion pour se rendre dans les centres urbains voisins afin d’accéder à des services de santé. Bien que les chercheurs concèdent que les coûts d’installation de dispositifs de télémédecine et de formation à cette technologie sont élevés, l’étude montre que les avantages économiques sur le long terme excèdent la dépense initiale.
L’étude « Addressing cost and time barriers in chronic disease management through telemedicine: an exploratory research in select low- and middle-income countries » (Faire face aux obstacles financiers et temporels dans la gestion des maladies chroniques grâce à la télémédecine : une recherche exploratoire dans des pays à faible et moyen revenu) a été publiée dans la revue Therapeutic Advances in Chronic Disease.
Elle a été coécrite avec Momina Muzammil, Abdul Muqeet, Fabiha Zaidi, Tehniat Shaikh de l’Université Aga Khan et Karima Saleh de la Banque mondiale.