Tajikistan · 16 novembre 2020 · 3 min
Chaque jour, Roziyamo Kabirova s’émerveille devant la beauté naturelle de l’environnement de son village reculé niché au cœur de la magnifique vallée du Wakhan, dans le district d’Ishkashim, une région du Tadjikistan frontalière avec l’Afghanistan et le Pakistan. Aux yeux de la plupart des personnes extérieures, le village de Vrang est extrêmement isolé et coupé du reste du monde. Là-bas, les habitants n’ont pas accès à Internet et les liaisons téléphoniques sont mauvaises.
Pourtant, pour rien au monde Roziyamo n’échangerait sa situation pour un mode de vie plus citadin. Chacune de ses journées commence à l’aube. Elle prépare le petit déjeuner pour les six membres de sa famille, s’occupe de son petit jardin et amène ensuite ses animaux paître dans des pâturages ouverts.
Dès huit heures du matin, elle est au travail. Elle est la responsable d’un groupe de femmes qui conçoit des uniformes scolaires et d’autres vêtements. Mais depuis quelques semaines, Roziyamo et les neuf couturières de son groupe fabriquent des masques. Bien qu’il n’y ait, à ce jour, aucun cas déclaré de COVID-19 dans le village de Vrang, elle pense que sa communauté doit se préparer à l’arrivée éventuelle de la maladie.
Thrive Tajikistan helped Roziyamo get a licence from the Government of Tajikistan, enabling her team to sell its masks to the general public.
AKDN / Christopher Wilton-Steer
Freiner la propagation du virus
« J’ai entendu parler de la COVID-19 pour la première fois à la télévision, en mars, puis par des voisins peu de temps après. À l’époque, nous n’imaginions pas que la pandémie pourrait toucher le Tadjikistan. Malheureusement, dès le mois d’avril, le gouvernement commençait à annoncer la détection de cas positifs sur le territoire national », explique Roziyamo.
Lorsque le gouvernement a appelé diverses organisations à fabriquer des masques pour ses concitoyens, Roziyamo et son équipe ont souhaité participer. « Nous ne savions pas comment fabriquer des masques et n’avions même pas le bon tissu. Cependant, nous savions que prendre part à cette initiative pourrait nous permettre de contribuer à freiner la propagation du virus, c’est pourquoi nous voulions apprendre à en faire », poursuit-elle.
Grâce à « Thrive Tajikistan: Partnership for Socio-Economic Development » (Thrive Tajikistan - Partenariat pour le développement socio-économique), un programme mis en œuvre par la Fondation Aga Khan (AKF) et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’équipe de Roziyamo a été formée à la fabrication de masques conformes aux normes internationales et a reçu une subvention ainsi que plusieurs ressources, dont du tissu, du fil et des élastiques. Le programme a également aidé Roziyamo à obtenir un agrégat du gouvernement du Tadjikistan pour qu’elle et son équipe puissent vendre leurs masques au grand public.
Répondre à la demande de masques abordables
Thrive Tajikistan travaille auprès des communautés de 16 districts de la région de Khatlon et de la région autonome du Haut-Badakhchan (GBAO), situées le long de la frontière afghane. Le programme contribue à améliorer la qualité de vie des populations locales en stimulant les activités des petites entreprises et des entreprises en développement, en améliorant l’accès aux services financiers et en renforçant la gouvernance locale.
Au début du mois de mai, Roziyamo et son équipe ont commencé à fabriquer 150 maques par jour. Au début du mois de juin, elles avaient déjà fabriqué 5 500 masques. « La demande de masques est plus importante que l’offre, et il n’est pas simple d’en trouver en vente. Lorsqu’on en trouve dans le commerce, un seul masque coûte entre cinq et sept somonis (0,44 à 0,62 dollar), alors que nous les vendons pour seulement trois somonis (0,27 dollar) », ajoute Roziyamo.
Elle est heureuse de pouvoir contribuer à protéger sa communauté de la pandémie de COVID-19. « Ce que je souhaite ? Que cette crise prenne fin et que nous puissions reprendre le cours de nos vies. Jusqu’à ce que la situation revienne à la normale, nous continuerons de fabriquer des masques pour notre communauté. »
Ce texte est une adaptation d’un article posté sur le site internet de la Fondation Aga Khan États-Unis, écrit par Hazel Correa, responsable coordination communication et développement régional pour l’USAID/Asie centrale, et publié sur le blog « Exposure » de l’USAID/Asie centrale.