Afghanistan · 21 janvier 2020 · 2 min
Dans notre société, nous avons tendance à penser que les avancées en soins médicaux doivent aboutir à de grandes et audacieuses solutions aux problèmes de santé majeurs qui touchent une population. Nous avons également tendance à considérer qu’une innovation ne peut avoir un impact que si elle engendre des transformations.
Toutefois, pour les habitants des communautés rurales de la province reculée du Badakhchan, située dans les hautes-montagnes du nord-est de l’Afghanistan, les progrès scientifiques se traduisent par de petites avancées qui font une réelle différence dans leur qualité de vie et concernent notamment l’accessibilité aux solutions de santé.
Ainsi, la mise en place de services de chirurgie laparoscopique à l’Hôpital provincial de Faizabad par les Services de santé Aga Khan (AKHS) fut rien moins que révolutionnaire pour ces communautés, qui n’avaient autrefois pas accès aux soins de santé officiels et dont les infrastructures sanitaires avaient été endommagées lors de la guerre qui ravagea le pays pendant le dernier quart de siècle.
Bien que la première laparoscopie ait été effectuée en Suède en 1910, plusieurs problèmes systémiques, dont le manque de ressources financières nécessaires pour acquérir certaines technologies, la lenteur du système de santé et une mauvaise formation des chirurgiens, ont limité la mise en œuvre de cette pratique dans le Badakhchan.
En outre, même si, au travers de l’Université Aga Khan (AKU), le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements afghan, français et canadien afin d’améliorer la formation médicale et la formation postuniversitaire pour médecins dans le pays, la plupart des initiatives mises en place sont restées concentrées sur les hôpitaux tertiaires de la capitale Kaboul, comme l’Institut médical français pour l’Enfant (IMFE).
C’est la raison pour laquelle les AKHS considèrent l’introduction d’innovations telles que la laparoscopie, un pilier de la chirurgie moderne, comme absolument prioritaire au sein de communautés rurales comme à Faizabad et dans le Badakhchan.
Laparoscopic surgery at Faizabad Provincial Hospital, Afghanistan.
AKDN
La laparoscopie est une technique chirurgicale qui consiste à pratiquer de petites incisions sur la paroi abdominale d’un patient afin d’y introduire un endoscope et d’observer les organes situés dans l’abdomen et le pelvis. Plusieurs instruments chirurgicaux peuvent également être introduits au travers de ces petites incisions afin de réaliser certaines opérations sans avoir à ouvrir l’abdomen. La chirurgie laparoscopique constitue une solution moins invasive pour réaliser les interventions courantes et permet de réduire la durée moyenne d’hospitalisation des patients. En effet, ces derniers regagnent leur domicile au bout de 24 heures et peuvent reprendre leurs habitudes en une semaine après une laparoscopie, alors qu’une chirurgie plus importante nécessite 3 à 5 jours d'hospitalisation et environ un mois de rétablissement. Cette technique chirurgicale représente également d’autres avantages et réduit notamment les risques de douleurs et de complications postopératoires, mais aussi de dépendance aux antibiotiques ou aux analgésiques.
Depuis son introduction en décembre 2019, l’Hôpital provincial de Faizabad a déjà effectué 28 laparoscopies telles que des cholécystectomies. Le million d’habitants du Badakhchan peut désormais accéder à cette option mini-invasive, que l’établissement est le seul à proposer à l’échelle provinciale.